Managers : 7 petites phrases qui font plus de mal… que de bien
Publié le parChacun d'entre nous a entendu ces petites phrases au quotidien dites par nos proches. Elles ne se veulent pas malveillantes et pourtant leur effet est dévastateur. Dans un contexte professionnel, prononcées par le manager, ces petites phrases vont avoir un effet contre-productif. Elles nuisent à l’intelligence collective, elles font mal aux collaborateurs et flinguent l’image du manager !
Chacun d’entre nous a entendu ces petites phrases au quotidien dites par nos proches. Elles ne se veulent pas malveillantes et pourtant leur effet est dévastateur. Dans un contexte professionnel, prononcées par le manager, ces petites phrases vont avoir un effet contre-productif. Elles nuisent à l’intelligence collective, elles font mal aux collaborateurs et flinguent l’image du manager !
1 « Bon courage ! … »
Laisse surtout entendre qu’il en faudra.
Pourquoi cette phrase censée aider le collaborateur peut le freiner ? En amont d’une mission, nos équipes ont besoin de s’ouvrir à l’expérience et au plaisir. Pas nécessairement de se faire rappeler la ténacité que l’on attend d’eux.
« Le courage n’est rien sans la sérénité » nous a appris Gandhi. Obtenir l’engagement d’un collaborateur, c’est libérer son énergie, « l’inviter au voyage » comme dit le poète.
A tester : « Bon travail », « Bonne réussite »…
2 « Il faut faire ! (ceci ou cela)… »
Le propos ici n’est pas de proscrire le faire-faire, encore moins la délégation. Pour autant, cette phrase dit avant tout que vous ne le ferez pas vous-même voire que vous ne savez peut être même pas comment le faire (le fameux « y’à qu’a » « faut qu’on »).
Et si vous mettiez en place une approche collaborative et un partage des responsabilités ? Vos équipes connaissent le « quoi » et le « pour quand ». Ils attendent qu’on leur parle du « pourquoi et du comment ». C’est une occasion de les solliciter.
« Le pouvoir est moins fort que le vouloir » dit un proverbe québécois. Vous collecterez des idées, des propositions et renforcerez l’engagement de vos collaborateurs. Ainsi, vous augmenterez d’autant vos chances qu’elles soient bien mises en œuvre par les intéressés.
A tester : « Que proposez-vous ? », « A quoi vous engagez- vous ? », « Comment puis-je vous aider ? »…
3 « Tout va bien se passer !… »
Dit que cela pourrait ne pas être le cas. Destinée à rassurer, cette phrase n’atteint pas dans les faits son objectif. Et apparait comme de l’auto-persuasion sur celui qui la prononce.
Et si pour rassurer, vous montriez que vous avez pleinement mesuré les risques et les enjeux ? Au passage, cela conduirait nos équipes à une lucidité et une vigilance accrues en amont des missions délicates.
« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » nous rappelle le dramaturge. N’oublions pas que c’est en donnant de la valeur aux actions confiées qu’on amène les personnes à se dépasser et non en cherchant à relativiser la difficulté qu’elles éprouvent.
A tester : « Ce que nous nous apprêtons à faire est difficile. Nous aurons besoin de la compétence et de l’engagement de tous »…
4 « Vous risquez de vous planter !… »
Révèle votre propre angoisse de l’échec. Non seulement cette phrase ne sert à rien mais en plus elle obère l’initiative et plombe les équipes avant même le top départ.
Et si vous présumiez vos collaborateurs compétents ? Ils seront d’autant plus capables de prendre conscience des risques et des enjeux s’ils sont présentés de façon objective et sereine. C’est aussi à cette condition qu’ils seront force de proposition pour apporter des solutions efficaces.
« La peur n’évite pas le danger » dit l’adage. Attachons nous plutôt à convoquer le courage de nos équipes plutôt que la crainte face aux objectifs.
A tester : « Reprenons ensemble les différente étapes de la mission et assurons-nous une dernière fois de l’efficacité des actions que nous allons mettre en œuvre »…
5 « Ne faites pas comme ! (untel ou unetelle)… »
Signale à la personne que vous n’êtes plus avec elle mais avec une autre. Et que vous êtes dans le jugement.
Et si vous exprimiez vos ressentis ouvertement ? Vos idées, vos convictions intéressent aussi vos équipes. Ce n’est pas nécessairement le cas de vos pensées par comparaison, de vos stéréotypes négatifs, de votre opinion sur autrui.
« Ni l’intelligence, ni le jugement ne sont créateurs » nous rappelle Antoine de Saint Exupéry. Notre valeur ajoutée réside dans notre capacité à décrire les situations de façon factuelle et en engageant notre point de vue. C’est la meilleure manière de convier vos interlocuteurs à s’ouvrir pour participer à l’échange.
A tester : « Voici la manière dont je vois la situation », « Et si nous faisions différemment cette fois-ci ? », « Voilà ce que j’attends de votre action »…
6 « Je vous l’avais bien dit !… »
Montre surtout votre incompétence en matière d’anticipation. L’action du manager consiste d’avantage à créer les conditions de la réussite avec ses équipes qu’à prédire un éventuel échec.
Et si vous ouvriez la voie vers plus de solidarité ? Visiter à rebours un échec est démarche riche en enseignement pour chacun et qui, de plus, vous grandira aux yeux de vos collaborateurs.
« Je vous l’avais bien dit. Singulière manière de consoler ; satisfaction que se donne la vanité aux dépens de la douleur !». Madame de Staël. Notre rôle est d’aider à trouver des solutions, réduire des préjudices, accompagner les effets du changement. Augmenter le sentiment de culpabilité chez un collaborateur ne peut que couper court à toute forme d’initiative à venir, de motivation et d’épanouissement.
A tester : « Ce qui est fait est fait. Voyons ce que nous pouvons faire à présent pour gérer les conséquences »…
7 « J’espère que vous savez ce que vous faites !… »
Laisse poindre votre duplicité potentielle en cas d’échec. Autant dire : « Si vous vous plantez, je ne vous soutiendrai pas ! » et plus tard : « Je vous l’avais bien dit ! »
Et si vous engagiez vos collaborateurs à partager une vision commune ? Seul, l’éventail des possibilités offertes ainsi que l’inventaire de leurs conséquences peut suffire à faire prendre conscience à une équipe des responsabilités qu’elle prend.
Rappelons que « Tout se délègue, absolument tout, sauf la responsabilité ! ». A ce stade, il est encore temps de vous assurer que vous cautionnez bien l’initiative du collaborateur. Après, il sera trop tard pour s’en départir sauf à définitivement sacrifier votre crédibilité managériale à ses yeux.
A tester : « Je souscris à ton initiative » versus « Non, je préfère que nous revoyons ce point ensemble avant que tu te lances », « Personnellement, je n’agirais pas autrement si j’étais toi » sous-entendu « Je te soutiens »…